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en calculant si, dans le cas où l’on en trouverait un, il restera encore assez de temps pour le cerner. Le temps suffit-il, on tendra les rets pour chaque lièvre, comme on le pratique sur les terrains où la neige n’est point tombée, c’est-à-dire de manière à envelopper l’animal où qu’il puisse être ; puis on soulève le filet, et l’on s’avance pour le faire partir. S’il glisse à côté du filet, on le suit à la piste, et il est sûr qu’il ira vers une musse du même genre, à moins qu’il ne se rase dans la neige. Le chasseur voyant où il s’est blotti, essayera de le cerner. S’il ne s’arrête pas, poursuivez-le ; il finira par être pris, et même sans filet. En effet, il perdra bientôt courage, à cause de la profondeur de la neige, qui, se pelotonnant aux poils épais de ses pieds de derrière, y forme une lourde masse.


CHAPITRE IX.


De la chasse aux faons et aux cerfs.


Pour chasser les faons et les cerfs, il faut avoir des chiens indiens : ils sont forts, grands, vites, pleins de cœur ; avec cela, propres à supporter la fatigue. On chasse les jeunes faons au printemps ; c’est la saison où ils naissent. Il faut commencer par aller à la découverte dans les gagnages[1] où il y a le plus de cerfs. Quand on sait où ils sont, on arrive avant le jour avec un valet de chiens, une meute et des javelots : là, on tient les chiens en laisse à distance du bois, de peur qu’ils n’aboient à la vue du cerf, et l’on se met au guet. Dès le point du jour, on verra les biches amener leurs faons à l’endroit où

  1. Cf. Du Fouilloux : « Comment le veneur doit aller en queste aux tailles ou gaignages pour voir le cerf a veuë. Le veneur doit regarder le soir auant en quel pays les cerfs releuent : et si c’est dedans les tailles, il faut qu’il regarde par quel lieu il pourra venir le lendemain a bon vent : et aussi qu’il choisisse quelque bel arbre sur le bord de la taille, de laquelle il pourra voir a son aise toutes les bestes qui seront dedans. Le lendemain, se doit leuer deux heures auant le iour, et aller au bois : puis quand il sera arriue près des demeures, faut qu’il laisse son chien en vne maison, ou bien s’il a vn garçon avec luy, il luy pourra donner à garder, le faisant demeurer en quelque lieu où il le pourra trouuer s’il en a affaire. Alors s’en doit aller à son arbre, qu’il aura remarque le soir auant, et monter dedans, regardant en la taille : et s’il veoit quelque cerf qui luy plaise, faut qu’il regarde quelle teste il porte, et ne doit bouger de là iusques à ce qu’il le voye rembuscher au fort, etc… »