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introduction.

a eu raison de le suivre, dans les vers qu’il a consacrés au même sujet. Après avoir débuté par quelques mots sur l’origine de la chasse, qui, selon lui, est une invention des dieux, il fait l’éloge des héros qui s’y sont adonnés ; et il invite les jeunes gens à ne pas mépriser un exercice qui doit les rendre bons soldats. C’est une remarque qui n’a point échappé à Buffon, qui appelle également la chasse une école de la guerre. Entrant ensuite dans la partie technologique de son traité, il dit quelles doivent être les qualités physiques et morales du chasseur, et il indique les différentes espèces de filets à employer pour les diverses espèces d’animaux. Puis, comme le compagnon naturel, l’auxiliaire indispensable du chasseur est le chien, Xénophon insiste sur les deux races de chiens connues des Grecs, et il en signale les défauts et les qualités. Il trace alors un portrait fort remarquable de bon chien de chasse et enseigne les moyens d’en faire l’éducation et de le mener aux champs.

Après le chien vient le gibier : de là de précieux détails sur le lièvre, sur sa complexion, ses habitudes, la chasse qu’on lui fait en été ou en hiver. C’est la partie la plus développée de tout l’ouvrage. Aussi, l’auteur glisse-t-il avec une certaine rapidité sur la chasse aux faons, aux cerfs et aux sangliers, et ne donne-t-il que quelques conseils pratiques sur celles des lions, des léopards et autres bêtes dangereuses.

Les derniers chapitres du livre de Xénophon sont très-remarquables. Lorsque Rousseau, craignant pour son Émile la première fougue de la jeunesse, l’entraînement désordonné des sens, cherche à son élève « une occupation nouvelle, qui l’intéresse par sa nouveauté, qui le tienne en haleine, qui lui plaise, qui l’applique, qui l’exerce ; une occupation dont il se passionne, et à laquelle il soit tout entier, » il ne voit que la chasse qui lui paraisse réunir toutes ces conditions. C’est, de même, la chasse qui semble à Xénophon le meilleur moyen d’arracher la jeunesse de son temps à la fausse éducation des sophistes. « Nos ancêtres, dit-il, convaincus que la chasse était la source de