Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/40

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de voir tant de fois écrits dans cet ouvrage les mots : « avec l’aide des dieux, » qu’il sache que sa surprise diminuera, s’il s’est trouvé souvent en danger, et s’il réfléchit qu’en temps de guerre on se tend réciproquement des pièges, dont on prévoit rarement l’issue. Or, en pareille occurrence, on ne peut prendre meilleur conseil de personne que des dieux. Ils savent tout et le communiquent à qui bon leur semble par l’intermédiaire des victimes, des oiseaux, des voix et des songes : seulement, il est naturel qu’ils conseillent surtout ceux qui les consultent dans le besoin sur ce qu’ils doivent faire, et qui, dans le succès, les honorent autant qu’il est possible d’honorer les dieux. »

Il y a deux manières d’entendre et de pratiquer la chasse. Rousseau les a parfaitement caractérisées toutes deux dans ces lignes si vraies, si pittoresques. « Je me souviens, dit-il, des battements de cœur qu’éprouvait mon père au vol de la première perdrix, et des transports de joie avec lesquels il trouvait le lièvre qu’il avait cherché tout le jour. Oui, je soutiens que seul, avec son chien, chargé de son fusil, de son carnier, de son fourniment, de sa petite proie, il revenait le soir, rendu de fatigue et déchiré des ronces, plus content de sa journée que tous nos chasseurs de ruelle qui, sur un bon cheval, suivis de vingt fusils chargés, ne font qu’en changer, tirer et tuer autour d’eux, sans art, sans gloire, et presque sans exercice. » En d’autres termes, il y a des amateurs et des chasseurs. Xénophon était un vrai chasseur. Il avait pris son art au sérieux, il en avait étudié les procédés, les ruses, les finesses ; et ce sont ces remarques, ces observations, qu’il a consignées dans son traité. Un autre écrivain grec, Arrien, général, historien et chasseur comme Xénophon, auquel Suidas le compare et qu’il semble, en effet, avoir pris pour modèle, a écrit également un traité de chasse, qui ne manque ni d’intérêt ni de renseignements curieux ; mais Xénophon nous paraît l’emporter sur Arrien par la netteté de ses recommandations et par le charme de ses tableaux.

Le plan de Xénophon est tout simple, et le poëte Oppien