Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/423

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aussi les Athéniens sont mis en déroute, et il en périt près de trois cents. Les Éphésiens élèvent un trophée sur le champ de bataille, et un autre près du Coressus. Ils donnent des prix de valeur aux Syracusains et aux Sélinontins, soit en général, soit à plusieurs en particulier pour leur bravoure, et ils accordent à jamais l’immunité des impôts à ceux qui voudront se fixer en cet endroit. Les Sélinontins, dont la ville avait été détruite[1], reçoivent également le droit de cité.

Les Athéniens relèvent leurs morts à la faveur d’une trêve, s’en retournent à Notium, leur donnent la sépulture et font voile vers Lesbos et l’Hellespont. Pendant qu’ils mouillent devant Méthymne, ville de Lesbos, ils voient vingt-cinq vaisseaux syracusains qui revenaient d’Éphèse : ils leur courent sus, en prennent quatre avec leurs équipages, et poursuivent le reste jusqu’à Éphèse. Thrasyllus envoie à Athènes tous les prisonniers, sauf l’Athénien Alcibiade, qu’il fait lapider : c’était un cousin et un compagnon d’exil d’Alcibiade. De là, Thrasyllus cingle vers Sestos avec le reste de l’armée. De Sestos l’armée entière passe à Lampsaque. Cependant arrive l’hiver, durant lequel les Syracusains, enfermés dans les carrières du Pirée, creusent le roc, s’évadent de nuit et s’enfuient, les uns à Décélie, les autres à Mégare. À Lampsaque, Alcibiade veut rassembler toutes ses troupes en un seul corps ; mais ses anciens soldats ne veulent pas être réunis à ceux de Thrasyllus, n’ayant pas été vaincus, et ceux-ci venant d’essuyer une défaite. Ils passent tous l’hiver à Lampsaque, s’y fortifient, et font une expédition contre Abydos. Pharnabaze vient au secours de cette ville avec une nombreuse cavalerie : il est défait et mis en fuite. Alcibiade le poursuit avec ses cavaliers et cent vingt hoplites commandés par Ménandre, jusqu’à ce que l’obscurité lui dérobe les fuyards. Depuis ce combat les soldats se mêlent, et l’on fraternise avec les troupes de Thrasyllus. Il se fait encore cet hiver quelques excursions sur le continent, dans lesquelles on ravage le pays du roi.

Dans le même temps les Lacédémoniens laissent se retirer librement, à la faveur d’une convention, les Hilotes révoltés, qui s’étaient retirés et mêlés à Coryphasium[2]. Vers la même époque, les Achéens trahissent les colons d’Héraclée Trachinienne[3] dans un combat général contre les Œtéens, leurs en-

  1. Par les Carthaginois.
  2. Ville et promontoire de Messénie.
  3. Voy. Thucydide, III, et Diodore de Sicile, XII, lix.