Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/426

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il se rend vers Pharnabaze, sur le continent opposé, afin d’obtenir de lui la paye des soldats, de rassembler des vaisseaux que Pasidippas avait laissés en observation dans l’Hellespont, de les réunir à d’autres qui étaient à Antandros et à ceux qu’Hégésandridas, second de Mindare, avait en Thrace, puis d’en faire construire de nouveaux, et, avec toutes ces forces réunies, de harceler les alliés des Athéniens et de faire lever le siége de Byzance. Dès que Cléarque est parti, ceux qui veulent livrer la ville de Byzance se mettent à l’œuvre. C’étaient Cydon, Ariston, Anaxicrate, Lycurgue et Anaxilaüs. Cet Anaxilaüs, cité plus tard en jugement à Lacédémone, comme coupable de trahison, fut absous pour avoir, non point trahi, mais sauvé la ville, où il voyait les femmes et les enfants mourir de faim, étant d’ailleurs lui-même Byzantin, et non pas Lacédémonien. Or, Cléarque faisait délivrer aux soldats lacédémoniens tout le blé qui était dans la ville. C’était pour cela qu’Anaxilaüs disait avoir introduit l’ennemi, et non par l’appât de l’argent ou par haine des Lacédémoniens.

Dès que tout est prêt pour le dessein, les conjurés ouvrent la porte appelée porte de Thrace, et introduisent Alcibiade avec l’armée athénienne. Hélixus et Cératadas, qui ne savent rien du complot, se portent en armes sur la place publique avec toutes leurs troupes ; mais, voyant les ennemis maîtres de tous les postes et se sentant dans l’impossibilité d’agir, ils se rendent et sont envoyés à Athènes. En descendant au Pirée, Cératadas s’échappe dans la foule et se réfugie à Décélie.


CHAPITRE IV.


Ambassade inutile des Athéniens en Perse. — Alcibiade est nommé généralissime.


(Avant J. C. 407.)


Pharnabaze et les députés apprennent les événements de Byzance à Gordium[1], ville de Phrygie, où ils passaient l’hiver. Au commencement du printemps, ils s’acheminent vers le roi, et rencontrent, à la descente, l’ambassade lacédémonienne, com-

  1. Célèbre par le nœud Gordien.