Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/445

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ce qu’il a remis à chacun des navarques : il paye cependant. Avec cet argent Lysandre établit des triérarques sur les trirèmes, et paye aux matelots la solde qui leur est due. De leur côté, les stratéges athéniens équipent leur flotte à Samos.

Cyrus, sur ces entrefaites, députe à Lysandre, parce qu’un courrier est venu lui annoncer que son père, malade, le fait mander à Thamnéries, en Médie, où il était, dans le voisinage des Cadusiens[1], contre lesquels il faisait une expédition. Lysandre arrive, et Cyrus lui défend d’engager un combat naval avec les Athéniens, s’il n’a un plus grand nombre de vaisseaux : le roi et lui-même ont assez d’argent pour armer dans cette intention une flotte en règle. Il lui montre en même temps tous les tributs payés par les villes, et qui sont à lui, et il lui donne tout l’excédant. Enfin, après avoir rappelé son attachement à la ville des Lacédémoniens et à Lysandre en particulier, il part pour aller rejoindre son père. Lysandre, grâce à tout l’argent que lui a donné Cyrus, parti auprès de son père malade, paye l’armée et cingle vers le golfe Céramique, en Carie. Il attaque Cédrée, ville alliée des Athéniens, la prend d’assaut le lendemain, et réduit les habitants en esclavage : c’étaient en partie des barbares. De là il fait route vers Rhodes. Les Athéniens, partis de Samos, ravagent le pays du roi, cinglent ensuite vers Chios et vers Éphèse, et se préparent au combat. Aux stratéges en fonction ils adjoignent Ménandre, Tydée et Céphisodote. Lysandre se rend de Rhodes vers l’Hellespont, en côtoyant l’Ionie, tant pour assurer le libre passage des vaisseaux que pour faire rentrer les villes dans le devoir. Cependant les Athéniens laissent Chios pour prendre le large, les côtes d’Asie leur étant ennemies. D’Abydos Lysandre gagne Lampsaque, alliée d’Athènes.

Les habitants d’Abydos et les autres alliés le suivent par terre, sous le commandement du Lacédémonien Thorax. Ils assiégent la ville et l’emportent d’assaut. Les soldats pillent toutes les richesses dont elle est remplie, vin, blé et autres provisions. Lysandre laisse aller tous les gens libres ; mais les Athéniens, qui suivaient sa piste, mouillent à Éléonte, dans la Chersonèse, avec cent quatre-vingts vaisseaux. Pendant qu’ils y prennent leur repas, on leur annonce ce qui est arrivé à Lampsaque : aussitôt ils se rendent à Sestos, s’y approvisionnent, et cinglent directement vers l’embouchure de l’Ægos-

  1. Aujourd’hui les Gèles ou peuples de la province persane du Ghilan.