Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

liers, tombent au point du jour sur les hoplites, au nombre d’environ deux cents, et, une fois à portée, les accueillent de flèches et de traits. Les hoplites, voyant les leurs blessés ou tués, sans pouvoir éviter les coups, renfermés qu’ils sont derrière une palissade à hauteur d’homme, arrachent les pieux et s’élancent sur l’ennemi, qui cède partout où ils se portent, où il est facile à des peltastes de se dérober à des hoplites ; elles ne cessent de lancer des traits de droite et de gauche, et, à chaque sortie des gardes, elles en abattent un grand nombre, jusqu’à ce qu’enfin ces derniers, renfermés comme dans une étable, soient écrasés sous les traits. Il ne se sauve qu’une quinzaine d’hoplites, qui parviennent à l’armée grecque : voyant l’état désespéré de leur position, ils s’étaient dérobés pendant le combat et avaient pu s’échapper à l’insu des Bithyniens. Bientôt les Bithyniens, après ce succès, tuent les garde-tentes des Odryses thraces, et se retirent après avoir repris tous les prisonniers, de sorte que les Grecs qui étaient accourus ne trouvent plus dans le camp que les cadavres dépouillés. Les Odryses, à leur retour, enterrent leurs morts, et, suivant l’usage, font de nombreuses libations et célèbrent des courses de chevaux. Ils campent dès lors avec les Grecs, pillant et brûlant la Bithynie.

Au commencement du printemps, Dercyllidas part de chez les Bithyniens et se rend à Lampsaque. Il y était encore, lorsqu’arrivent Aracus, Naubatès et Antisthène, magistrats lacédémoniens. Ils venaient pour examiner l’état général des affaires en Asie, et pour annoncer à Dercyllidas qu’il eût à garder le commandement pendant l’année suivante. Ils avaient également mission, de la part des éphores, de convoquer les soldats, de blâmer leur conduite passée et de les louer de ce qu’en ce moment ils ne commettaient aucune injustice ; et ils devaient aussi déclarer qu’à l’avenir, s’ils se permettaient quelque violence, on ne le souffrirait pas, tandis que, s’il se conduisaient avec justice à l’égard des alliés, ils en seraient félicités. Lors donc qu’ils eurent rassemblé les soldats, ils leur dirent ce dont ils étaient chargés ; mais celui qui avait été à la tête des troupes de Cyrus, leur répondit : « Quant à nous, citoyens de Lacédémone, nous sommes les mêmes aujourd’hui que par le passé, mais nous n’avons pas aujourd’hui le même chef que par le passé : voilà pourquoi, ainsi que vous pouvez nous-mêmes vous en convaincre, nous ne commettons plus aujourd’hui les mêmes fautes que naguère. »