nus dans le commandement de la flotte, sort de Rhion[1], que les Lacédémoniens reprennent ; mais Téleutias vient ensuite prendre le commandement des vaisseaux d’Hérippidas et conserve la suprématie dans le golfe.
Cependant les Lacédémoniens apprennent que Conon retire les siens d’Athènes avec l’argent du roi, à l’aide duquel il entretient aussi sa flotte, et qu’il gagne à Athènes les îles et les villes du continent voisines du littoral. Ils pensent alors que, s’ils informent de cela Tiribaze, général du roi, ils pourront l’attacher à leur parti, ou du moins faire retirer à Conon les moyens d’entretenir la flotte. Dans ce dessein, ils envoient Antalcidas auprès de Tiribaze, avec mission de l’informer de ce qui a lieu, et de négocier la paix entre Lacédémone et le roi. Les Athéniens, apprenant cette démarche, envoient, de leur côté, les députés Conon, Hermogène, Dion, Callisthène et Callimédon ; ils engagent leurs alliés à en envoyer aussi ; et c’est ce que font les Béotiens, Corinthe et Argos. Quand ils sont là, Antalcidas dit à Tiribaze qu’il vient de la part de sa patrie demander la paix au roi, et à des conditions telles que le roi peut le souhaiter. En effet, pour ce qui est des villes grecques d’Asie, les Lacédémoniens n’opposent au roi aucunes prétentions, et il leur suffit qu’on reconnaisse l’indépendance de toutes les îles et du reste des villes. « Et comme, ajoute-t-il, ce sont là nos désirs, pourquoi les Grecs ou le roi nous feraient-ils la guerre et dépenseraient-ils de l’argent ? Toute expédition contre le roi devient impossible aux Athéniens, du moment que nous ne les commandons pas, et à nous, du moment que les villes sont indépendantes. » Tiribaze entend avec le plus vif plaisir ces discours d’Antalcidas. Mais l’opinion opposée se formulait ainsi : Les Athéniens redoutaient de voir proclamer l’indépendance des villes et des îles, ce qui leur aurait enlevé Lemnos, Imbros et Scyros ; les Thébains craignaient également d’être obligés de reconnaître l’indépendance des villes béotiennes, et les Argiens comprenaient que, si ce traité et cette paix avaient lieu, il leur faudrait, contre leur désir, renoncer à traiter Corinthe comme Argos. Cela fit que la paix ne fut point conclue et que chacun s’en alla chez soi.
Cependant Tiribaze croit qu’il peut être dangereux pour lui de s’allier aux Lacédémoniens sans l’assentiment du roi ;
- ↑ Détroit et promontoire d’Étolie.