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CHAPITRE II.


Rigueur des Lacédémoniens contre leurs alliés infidèles. — Ils rasent Mantinée et rétablissent les aristocrates à Phlionte. — Guerre d’Olynthe. — Succès d’Eudamidas, de Phébidas et de Téleutias. — Bataille d’Olynthe.


(Avant J. C. 385, 384, 383.)


Tout ayant ainsi marché selon leurs vœux, les Lacédémoniens sont d’avis de punir ceux de leurs alliés qui se sont armés contre eux dans la guerre, et montrés mieux disposés envers les ennemis qu’envers Lacédémone : c’est leur ôter les moyens d’une nouvelle défection. Et d’abord ils envoient aux Mantinéens l’ordre d’abattre leurs murs, en leur déclarant qu’ils n’ont pas d’autre manière de s’assurer de leur fidélité. Ils prétendent, en effet, s’être bien aperçus qu’ils ont envoyé du blé aux Argiens, lorsque ceux-ci étaient en guerre avec les Lacédémoniens ; que souvent ils refusaient de prendre part aux expéditions sous prétexte de la paix sacrée, ou que, quand ils marchaient avec eux, ils faisaient mal leur service : ils ajoutent qu’ils n’ignoraient pas leur jalousie quand il arrivait du bien à Sparte, leur joie quand il lui arrivait malheur. On rappelle aussi que la trêve de trente ans, conclue avec les Mantinéens après la bataille de Mantinée, vient d’expirer cette année même. Les Mantinéens refusent d’abattre leurs murs. On décrète une expédition contre eux. Agésilas prie la ville de le dispenser du commandement, attendu que la ville de Mantinée a rendu de grands services à son père dans les guerres de Messénie. C’est Agésipolis qui commande l’expédition, bien que Pausanias son père fût lié d’amitié avec les prostates du peuple de Mantinée.

À peine entré dans le pays, il se met à le ravager. Cependant comme, malgré cela, les Mantinéens n’abattaient point leurs murs, il creuse un fossé autour de la ville, et emploie à ce travail la moitié de ses troupes, tandis que l’autre moitié se tient sous les armes devant les travailleurs. Ce fossé achevé, il peut alors, en toute sûreté, élever un mur autour de la ville. Mais il apprend qu’il y a beaucoup de blé dans la place, parce que l’année précédente avait été très-fertile. Croyant donc qu’il y