Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/551

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de tous les troubles de la Grèce. Isménias se défend contre toutes ces accusations, mais cependant il ne peut prouver qu’il ne nourrit point de grands et de mauvais desseins : il est condamné à mort et subit sa peine. Léontiade et son parti étaient maîtres de la ville et accordaient aux Lacédémoniens encore plus qu’ils ne demandaient.

Ces affaires ainsi terminées, les Lacédémoniens n’en mettent que plus d’empressement à pousser l’expédition contre Olynthe. Ils envoient Téleutias comme harmoste, avec le contingent qu’ils devaient eux-mêmes fournir pour la levée de dix mille hommes, et ils expédient, en outre, aux villes alliées des scytales qui enjoignent de marcher avec Téleutias, conformément au décret des alliés. En général, on obéit volontiers à Téleutias, à cause du bruit qu’il avait de n’être point ingrat envers ceux qui lui rendaient service ; et, comme il était frère d’Agésilas, la ville de Thèbes montra spécialement un grand zèle à lui envoyer des hoplites et des cavaliers. Téleutias toutefois s’avançait lentement, parce qu’il veillait à ne causer dans sa marche aucun mal aux pays alliés, et à rassembler le plus de forces possible. Il envoie d’avance des députés à Amyntas pour lui dire que, s’il désire reconquérir son royaume, il doit lever des mercenaires, et répandre de l’argent parmi les rois ses voisins, afin de s’en faire des alliés. Il envoie aussi dire à Derdas, gouverneur d’Élimie, que les Olynthiens ont déjà soumis la partie la plus considérable de la Macédoine, et qu’ils ne s’arrêteront pas devant la plus petite, si personne n’abat leur arrogance. Tout en prenant ces mesures, il parvient, à la tête d’une nombreuse armée, dans le pays allié.

Arrivé à Potidée, il réunit toutes ses forces et s’avance contre le pays ennemi. En marchant vers la ville, il ne brûle ni ne ravage rien, convaincu que, s’il le faisait, il se créerait autant d’obstacles pour sa marche et pour sa retraite, tandis que, quand il s’éloignerait de la ville, ce serait alors le moment d’abattre les arbres et d’arrêter ainsi ceux qui pourraient le suivre. Quand il n’est plus qu’à dix stades de la ville, il fait reposer ses troupes sous les armes ; et, comme il commandait l’aile gauche, c’est lui qui marcha contre les portes par lesquelles l’ennemi sortit de la ville : le reste de la phalange des alliés était rangé en bataille à l’aile droite. Il avait aussi disposé à la droite la cavalerie des Lacédémoniens, des Thébains et de ceux des Macédoniens qui s’étaient unis à lui. Cependant il