Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/448

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tint la conduite d’un roi digne d’éloges. En effet, dans toutes les villes vers lesquelles il navigua pour y imposer son autorité, et qu’il trouva en proie à l’anarchie, depuis la chute de la puissance d’Athènes, il fit si bien que, sans exil, sans peine de mort, il rétablit la concorde entre les citoyens et une prospérité durable. Aussi tous les Grecs d’Asie, comme si on leur eût enlevé, non pas un chef, mais un père, un ami, furent-ils désolés de son départ : ils montrèrent, d’ailleurs, qu’ils n’avaient point pour lui une amitié fardée ; ils vinrent spontanément avec lui au secours de Lacédémone, et cela, avec la conviction qu’ils auraient à combattre aussi forts qu’eux. Telle fut la fin de ses exploits en Asie[1].



CHAPITRE II.


Exploits en Europe ; bataille de Coronée ; Agésilas à Sparte ; relations avec l’Égypte.


Après avoir passé l’Hellespont, il fit route à travers les mêmes peuples que le roi de Perse, suivi d’une armée innombrable ; mais ce chemin, que le barbare avait fait en un an, Agésilas le parcourut en moins d’un mois, vu son désir de ne point arriver trop tard pour la patrie.

À peine a-t-il laissé la Macédoine pour entrer en Thessalie, que les habitants de Larisse, de Granone, de Scotusse et de Pharsale, alliés des Béotiens, tous les Thessaliens, en un mot, excepté ceux qui étaient alors en exil, vinrent inquiéter ses derrières. Jusque-là, il avait conduit son armée en bataillon carré, ayant une moitié de sa cavalerie en tête et l’autre moitié en queue : mais les Thessaliens l’ayant arrêté dans sa marche, en fondant sur son arrière-garde, il met en queue une partie des troupes de tête, excepté les cavaliers rangés autour de sa personne. Quand les deux années sont en présence, les Thessaliens, jugeant imprudent à des cavaliers de charger des hoplites, font volte-face et se retirent au pas ; le reste suit avec réserve. Agésilas, voyant la faute des uns et des autres, détache ses meilleurs cavaliers, avec ordre de prescrire aux autres la même manœuvre, c’est-à-dire de serrer l’ennemi d’assez

  1. Il y laissa Euxène comme harmoste, avec quatre mille soldats.