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Page:Xiphilin, Zonare et Zosime - Histoire romaine, 1686.djvu/557

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où la connaissance qu’il avait du naturel de Constance lui ayant donné lieu d’appréhender les effets de la jalousie ; semblables à ceux qu ’avait senti Gallus son frère, il entreprit de secouer le joug de son obéissance. Il gagna d’abord l’amitié de quelques tribuns qui ébranlèrent la fidélité des soldats, qui ayant excité sédition, le proclamèrent Empereur, et tenant leurs épées nues, menacèrent de le tuer, s’il n’acceptait cette dignité. Il l’accepta de la sorte pour éviter les effets de la colère des gens de guerre, et peut-être contre son inclination. On chercha longtemps un diadème sans en pouvoir trouver, et Julien protesta avec ferment qu’il n’en avait point. On voulut employer un collier de femme pour en faire un, mais il s’y opposa, en disant que cela blessait la bienséance. Enfin un tribun donna un carquant d’or enrichi de pierreries, que l’on lui mit sur la tête en forme de diadème.

Il dépêcha à l’heure même Pentade maître des offices avec des lettres pour l’Empereur, par lesquelles il assurait que ce n’était point par son inclination qu’il avait accepté le titre d’Empereur, mais par un effet de la violence des gens de guerre, qui pour pouvoir espérer d’obtenir un jour la récompense de leurs services avaient refusé de combattre sous lui en qualité de César. Il le suppliait par les mêmes lettres de lui faire l’honneur de l’associer à l’Empire, ce qui serait sans doute avantageux à l’état, et en ce cas-là lui promit de lui envoyer tous les ans des chevaux d’Espagne, selon la coutume, et des hommes des Gaules. Dans la souscription, il ne prit que la qualité de César, de peur que s’il eût pris celle d’Empereur, Constance ne rejetât ses lettres, et ne refusât de les lire.

Il les reçût à Césarée en Cappadoce, et en conçût une très grande colère, qu’il tâcha pourtant de modérer en se tenant dans le silence. Il commanda