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Page:Xiphilin, Zonare et Zosime - Histoire romaine, 1686.djvu/563

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qui avaient été envoyés vers Constance, fit la revue des troupes, et réforma une grande partie des officiers de sa maison. Comme il avait un jour demandé un barbier, et que celui qui avait autrefois servi Constance s’était présenté à l’heure même dans un équipage fort propre, et fort leste, Julien, dit qu’il avait demandé un barbier, et non un sénateur, ni un homme de condition, et le renvoya. Un cuisinier de la vieille Cour ayant paru un autre jour devant lui, avec un trop bel habit, il envoya quérir le sien, et demanda à ceux qui étaient présents, lequel des deux ils prenaient pour un cuisinier. Ils répondirent que c’était celui qui était le plus mal habillé, et à l’heure même il châtia l’autre. Il ne faisait tout cela que par vanité, et qu’à dessein de paraître tempérant, et tel qu’un vrai philosophe doit être. Il fit des largesses aux soldats, et se prépara à la guerre contre les Perses.

Lorsqu’il crût son autorité bien affermie, il se déclara ouvertement pour le paganisme. J’ai déjà dit que dès auparavant il avait renoncé dans le secret de son cœur à la religion chrétienne, mais qu’il n’avait osé faire protection publique de l’impiété. On dit qu’au temps qu’il cachait comme sous la cendre d’une fausse modestie le feu de l’ambition dont il brûlait, il consulta les devins pour savoir s’il parviendrait à l’Empire, et que ce furent eux qui lui corrompirent l’esprit, et qui l’engagèrent dans l’idolâtrie. Lors qu’il eut entre les mains l’autorité qu’il avait si ardemment souhaitée, il en usa si cruellement, que par un jugement impénétrable de Dieu, il fit remporter à plusieurs la couronne du martyre. La fureur dont il était animé contre les Chrétiens alla à un tel excès qu’il leur voulut interdire l’étude des lettres profanes, sous prétexte, que puisqu’ils les décriaient comme des fables, il n’était pas juste qu’ils en reçussent aucun avantage, ni qu’ils en tirassent