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mode, M. Morville, le colonel Harewood et quelques autres hommes de cette espèce, louèrent cette maison entre eux, pour y passer quelque temps chaque année à s’occuper de chevaux. Leurs domestiques se conduisirent d’une manière qui fit beaucoup de mal dans la paroisse, et mon frère fut obligé d’intervenir et de faire des observations. M. Morville se fâcha d’abord, mais ensuite il agit mieux que les autres. Je suppose que la franchise hardie de mon cher frère lui plut, et que celui-ci ne put s’empêcher d’être intéressé par tout ce qu’il y avait de noble dans le caractère de M. Morville. Je ne l’ai vu qu’une fois, et je n’ai jamais rencontré personne qui donnât aussi bien l’idée d’un gentilhomme accompli. Quand son pauvre fils eut atteint l’âge de quatorze ans, il fut placé en pension dans notre voisinage, et il venait souvent à Stylehurst. Après son malheureux mariage, mon frère le rencontra par hasard à Londres, écouta son histoire, et tâcha d’amener une réconciliation.

— Ah ! dit Philippe, ne vinrent-ils pas alors à Stylehurst ? J’ai un vague souvenir d’un homme fort grand et d’une dame qui chantait.

— Oui, votre père les invita afin de voir ce qu’était sa femme, et il écrivit à M. Morville qu’elle était une vraie enfant, douce, aimable, et qu’on pourrait la former à tout ce qu’on voudrait. Cette lettre n’obtint pas de réponse ; mais, environ dix ou quinze jours après ce terrible accident, le colonel Harewood écrivit à mon frère pour le supplier de venir à Redclyffe, disant que le malheureux père désirait beaucoup de