Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/426

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avait à la fois du porter, de l’ale, du cidre et du poiré, il serait impossible de mettre trois ou quatre verres à chaque place et aussi de les tenir bien séparés et distincts. Quant au linge de table, on est ici plus propre et mieux entendu ; on n’en a que de grossier pour le changer souvent. Il semble ridicule à un Français de dîner sans nappe ; chez nous on s’en passe, même chez les gens de fortune moyenne. Un charpentier français a sa serviette aussi bien que sa fourchette, et, à l’auberge, la fille en met une propre à chaque place sur la table servie dans la cuisine pour les plus pauvres voyageurs. Nous dépensons énormément pour cet article, parce que nous prenons du linge trop fin ; il serait beaucoup plus raisonnable d’en avoir de plus gros et d’en changer souvent. La propreté est diverse chez les deux nations : les Français sont plus propres sur eux ; les Anglais, dans leur intérieur, je parle de la masse du peuple et non pas des gens très riches. Dans tout appartement il se trouve un bidet aussi bien qu’une cuvette pour les mains ; c’est un trait de propreté personnelle que je voudrais voir plus commun en Angleterre. Au contraire, les commodités sont des temples d’abomination, et l’habitude générale, chez les grands comme chez les petits, de cracher partout dans les appartements est détestable : j’ai vu un gentilhomme cracher si près de la robe d’une duchesse que son inattention m’a ébahi.

Quant à ce qui concerne les écuries, chevaux, palefreniers, harnais et équipages de rechange, les Anglais l’emportent de beaucoup, Vous voyez en province des cabriolets datant à coup sûr du siècle dernier ; un Anglais, si petite que soit sa fortune, ne se montrera pas dans une voiture remontant au-delà de quarante ans : il aimera mieux aller à pied,