Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’il n’en peut avoir d’autre. Il est faux de dire qu’il n’y ait pas à Paris d’équipages complets ; j’en ai vu, et plusieurs : la voilure, l’attelage, les harnais, la livrée ne laissaient rien à désirer, mais le nombre en est certes de beaucoup inférieur à ce que l’on voit à Londres. Dans ces dernières années on a beaucoup introduit de voitures, de chevaux et de grooms anglais.

Nous avons bien dépassé nos voisins pour l’ameublement et l’arrangement des maisons, L’acajou est rare ici ; chez nous on le prodigue. Quelques-uns des hôtels de Paris sont immenses, par l’habitude des familles de vivre ensemble, trait caractéristique qui, à défaut des autres, m’aurait fait aimer la nation. Quand le fils aîné se marie, il amène sa femme dans la maison de son père, il y a un appartement tout prêt pour eux ; si une fille n’épouse pas un aîné, son mari est reçu de même dans la famille, ce qui rend leur table très animée. On ne peut, comme en d’autres circonstances, attribuer ceci à des raisons d’économie, parce qu’on le voit chez les plus grandes et les plus riches familles du royaume. Cela s’accorde avec les manières françaises ; en Angleterre, l’échec serait certain et dans toutes les classes de la société : ne peut-on conjecturer avec de grandes chances de certitude que la nation chez laquelle cela réussit est celle qui a le meilleur caractère. Il n’y a qu’une heureuse disposition qui puisse rendre agréable et même supportable ce mélange des familles.

Les Français ont donné le ton à toute l’Europe pendant plus d’un siècle pour les modes ; mais ce n’est pas chez eux, excepté dans les classes élevées, un sujet de dépenses comme parmi nous où (pour me servir du terme usuel) les meilleures choses sont plus répandues dans la masse qu’ici : cela me frappe, surtout par rapport aux dames françaises de tout rang, dont