Page:Yver - La Vie secrete de Catherine Laboure.djvu/23

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voit se relever vers lui un visage baigné de pleurs. Il éprouve un petit choc pénible, croit à une crise nerveuse, relève son ami, l’entraîne vers la porte au grand air. Et Ratisbonne, sortant de son extase irradié d’allégresse, prononce seulement ces mots :

— « Elle ne m’a rien dit, mais j’ai tout compris ! »

Ce tout, c’était le mystère ineffable du Messie promis, du Verbe fait homme et de l’humanité initiée à la vie divine par l’Église. Ce tout, c’était aussi le mystère de Marie, si suave et si beau sans doute quand il apparaît à une âme humaine dans une telle fulguration.

À ces mots, Bussières se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’épilepsie, mais que Dieu avait illuminé cette âme.

« Ce qui vient de m’arriver, ajouta au bout d’une minute le Voyant, ce n’est que devant un prêtre que je puis le raconter. Conduisez-moi près d’un prêtre. »

Et revoyant autour de lui les préparatifs des obsèques de la Ferronnays — alors que Bussières ne lui avait jamais confié (il l’a déclaré) combien il avait intéressé son cas le cœur de ce grand Mort — Ratisbonne, spontanément, dit ces quelques mots puérils et inspirés :

« Comme ce Monsieur a prié pour moi ! »