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Page:Yver - Madame Sous-Chef.djvu/44

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sa jeunesse, son mariage avec le poète, l’enfance de Denis dans ce Midi ardent, tous ces souvenirs qu’elle, Geneviève la Bretonne, épouserait un peu en épousant Denis. Mais que voulait dire cette femme qui l’attirait et l’effrayait en même temps, quand elle déclarait que Denis la remplacerait, elle, Geneviève Braspartz, au tableau d’avancement ?

Mme Rousselière ne lui donna pas le temps d’approfondir cette énigme. Elle parlait beaucoup de Denis, de Geneviève aussi, qu’elle louait comme une jeune déesse à qui l’on rend hommage, lui tournant mille compliments délicats, renchérissant, eût-on dit, sur la cour que lui faisait Denis : « Vous vous habillez divinement bien. Ce noir si sobre, comme cela doit faire bien au bureau ! Comme cela s’accorde bien à des fonctions déjà importantes. Vous avez des cheveux ravissants : ils ont des reflets fauves comme les fourrures riches. Tout cela fait un ensemble de sobriété, de bon goût qui donne la note de votre valeur. Je serai très fière de vous. D’une bru comme vous ! »

— Mais nous ne sommes pas encore fiancés, reprenait Geneviève en riant. Mes parents ne connaissent pas Denis, ils ignorent nos projets.

— Vraiment ? Pas possible ? Mais demain, mes chers enfants, oui, demain, je mets mon chapeau neuf et mes gants frais pour aller chez vos parents faire une demande en règle.

Geneviève lui plaisait, l’attirait, la retenait, c’était visible. Elle exultait du bonheur de Denis. Puis elle comprit que celui-ci devait désirer de demeurer un peu de temps seul, dans l’intimité de son foyer, de jeune homme, avec celle qu’il aimait tant. Elle se leva, s’excusa d’être rappelée à la cuisine par les apprêts du dîner, exposa, avec une liberté qui avait son élégance, la modicité de sa