Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/116

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assez au courant de la vente des livres, pouvait le remplacer au magasin, aidée de madame Duval. Mais l’oncle Duval refusa en ces termes :

— Fifille, depuis vingt-six ans que nous sommes mariés, je ne suis jamais allé nulle part, fut-ce à Choisy-le-Roi, sans ma femme. Je connais ta tante. Elle se noie dans un verre d’eau et se fait une montagne d’un grain de sable. Si la moindre difficulté commerciale survenait en mon absence, voilà une femme qui perdrait la tête. Ah ! certes c’eût été un beau voyage, et j’aurais été heureux non seulement de serrer la main à cet héroïque Picot, mais de me mêler quelque temps à l’agitation d’une ville du front, plutôt que de moisir dans mon magasin, comme je le fais depuis le début de la guerre. Mais c’est impossible. Fifille, je serais trop inquiet de ma femme et de Louise.

Louise dit alors :

— Eh bien, j’accompagnerai cette pauvre Édith, moi !

Là-dessus tous les parents épouvantés poussèrent les hauts cris. Deux jeunes filles seules,