Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/122

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La bonne infirmière aux cheveux gris et le blessé redevenu puéril se sourient l’un à l’autre sans rien se dire ; mais dans ce sourire il y a plus qu’un long discours. Songez que depuis onze jours, ils vivent sans cesse l’un près de l’autre dans cette pensée unique de la mort menaçante et qu’il faut vaincre. Ils l’ont vaincue. C’est comme si la vie, avec tous ses charmes, ses enivrements, ses bonheurs imprévus, envahissait la salle tout à coup.

Alors les rêves légers et agréables de la convalescence viennent voltiger autour de l’adjudant. Il pourra donc encore marcher, travailler, parler, rire, aimer Édith sous les ombrages de Choisy-le-Roi, Car un espoir ne vient jamais tout seul.

Et pendant ce temps nos trois voyageurs débarquent du train à Lunéville. Voici la place de la gare où apparaît un amas de décombres, murs écroulés, charpentes béantes, fermes fracassées : les ruines du bombardement de 1914. Des régiments de cavalerie parcourent les rues en y faisant résonner un bruit de charge, ou bien de lourds camions