Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/123

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automobiles, chargés de munitions, filent avec un fracas de tonnerre. Les coups sourds du canon voisin ne cessent pas d’ébranler le sol, et dans les airs, trois avions qui viennent de s’envoler ronflent comme de gigantesques hannetons. C’est la guerre.

Les pieds alertes des deux Parisiennes volent aussi sur le pavé. À peine si ce grand don Quichotte de des Assernes, malgré ses pas allongés, peut suivre leur dansante allure. Soudain, dominant tous les bruits de l’agitation guerrière, des notes lugubres de cloches éclatent dans l’atmosphère en branle. C’est un glas précipité, angoissant, semant l’anxiété dans l’air, c’est le tocsin. Et les passants se hâtent, et l’on s’enferme, et le bruit court :

— Voici un taube !

Des Assernes tremble pour ses responsabilités. Sa vieille carcasse, il s’en moque : mais ces deux enfants précieuses dont il est le gardien !

— Cherchons un refuge, dit-il.

Les deux jeunes filles s’entre-regardent. L’idée fixe de la tendre Édith se devine clairement ; Louise répond :