Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/131

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mains les mains chéries. Aussi ce n’est plus un homme qui court, c’est un homme qui vole sur le terrain piétiné où l’herbe même ne croît plus. Chaque bond lui donne une avance sur chacun des tours de roues de la voiture. Enfin il est en vue de l’auto qui ralentit. Une télégraphie énergique fait comprendre au chauffeur qu’il doit s’arrêter. Le sous-lieutenant s’installe sur le marchepied. Il lui semble qu’il vient de gagner le monde !

À la gare de Châlons, le train de Paris est signalé. M. Henri n’a même pas le temps d’envoyer une dépêche rue du Cherche-Midi. Le train vient, le prend, l’emporte. Dieu, que cet express est donc lent ! M. Henri croit sentir qu’à pied il fût allé plus vite. Le rêve est si beau ! ne va-t-il pas s’évanouir si on ne le saisit pas à temps ? Avoir passé par Charleroi, la bataille de la Marne, les Eparges, la forêt de Parroy, encore les Eparges, la préparation de l’offensive de Champagne, être sorti de tous ces différents enfers, et revoir Louise, dans le magasin de la rue du Cherche-Midi, quel prodige !