Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/140

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— Mon vieux, dit à l’adjudant Picot M. Henri, la dernière fois que je t’avais vu, c’était dans la tranchée en Lorraine : tu passais sur le brancard, la tète inerte, les yeux révulsés, la poitrine cachée par un gros pansement. J’ai bien cru que c’était la fin. Je me suis posté derrière un pare-éclat pour que mes hommes ne s’aperçoivent pas que je pleurais comme un gosse.

— C’était le bon filon que j’avais, au contraire ! s’écrie en riant M. Robert.

Et montrant Édith, il ajoute :

— Et tu sais ! je ne la regrette pas, la balle qui m’a traversé la poitrine. Elle m’a valu bien du bonheur.

— Comme monsieur Henri a forci ! dit la bonne madame Bouchaud.

— Vous rappelez-vous, monsieur Robert, interroge madame Duval, vous rappelez vous ce jour où vous aviez attrapé un brochet de quatre livres ?

Tout en devisant, on gagne le pavillon de pierre meulière. La table est dressée sur la pelouse, devant le perron. La nappe est éblouis-