Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/145

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dépassé l’âge de la curiosité. Mais son fils, entendant parler d’une fille chrétienne gisant sur la paille dans une de ses prisons profondes, déclara dans son langage qu’il irait voir lui-même de quoi il retournait. Il y alla. Ce jeune prince, quoique sarrasin, était sensible. Quand il vit cette noble demoiselle de France liée par des chaînes qui meurtrissaient et fatiguaient ses membres délicats, il en eut une grande pitié et une profonde indignation, et commanda qu’on lui rendît la liberté. Ce à quoi Mirabelle, aussi droite que sage, se refusa : « Car, disait-elle, je gis en ce lieu sur la foi de Dieu en place de mon chevalier, et aussi longtemps captive dois être qu’il eût été. » Et le seigneur sarrasin s’émerveilla de tant de bonne foi chez une dame. « Oncques n’en ai vu de si droiturière, » disait-il. Alors il lui fit apporter des beignets de fromage, des confitures et des œufs peints en couleurs étincelantes. Puis il s’en alla trouver le soudan pour s’accorder avec lui sur la libération du sire de Catalpan, et quand ce fut chose entendue, il revint dire à Mirabelle qu’elle était