Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/146

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libre. Mais triste liberté ce fut, car le fils de l’émir était tombé à son sujet dans une sombre mélancolie. Vous l’avez deviné : il en était fort amoureux. Il lui fit donner une chambre somptueuse avec des esclaves noires pour la servir. Et tous les jours il venait lui conter son tourment. La haute demoiselle avait d’autres pensées que celle de ce petit émir. Elle lui faisait de sages discours pour lui démontrer qu’elle ne pouvait aimer aucun autre chevalier que le sien propre ; que dire donc d’un infidèle ? Mais elle prononçait avec tant de suavité ces dures paroles, que le seigneur sarrasin, au lieu de se résigner, ne l’en aimait que davantage.

Pendant ce temps, le sire de Catalpan n’était pas demeuré à se morfondre dans le château de Pampelune dont la vie s’était envolée. Il n’avait plus qu’une idée : aller délivrer Mirabelle. Il courut droit au château du comte de Foix, s’y fit donner de nouvelles armes et des gens de guerre. Le voici derechef à Aigues-Mortes. Il s’embarque avec sa petite troupe en frétant de ses deniers une nouvelle nef, et nous