Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/151

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Les yeux de Louise s’agrandissent et s’emplissent d’angoisse. Ils enveloppent tendrement toute la personne du sous-lieutenant, si robuste sous l’uniforme. Grand Dieu ! serait-il possible de voir ce corps baigné de sang et allongé pour toujours sur la terre froide ? Elle frémit sans pleurer :

— Henri… mais je ne veux pas ! Je ne veux pas que vous mouriez, moi !

L’officier répond en souriant tristement :

— Notre bonheur est une chose petite, Louise, en regard de la délivrance du pays. Certes je suis déchiré à l’idée de vous laisser pour toujours, en cette vie. Pourtant j’ai fait mon sacrifice à la France. On en arrive à désirer la victoire, c’est-à-dire le bonheur de tous, plus que son humble bonheur particulier. M’aimeriez-vous autant, Louise, si je parlais autrement ?

Louise a pris son visage entre ses mains pour dissimuler l’horrible émotion qui la bouleverse.

— Vous savez bien que c’est ainsi que je vous aime, Henri, et que, moi aussi, j’ai fait