Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/152

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mon sacrifice. Mais il y a des moments où l’on tremble devant la douleur.

Elle essuie bien vite les larmes qui ont perlé à sa paupière et sourit enfin à son fiancé. Les grands arbres qui les protègent ne s’étonnent pas à cet héroïque dialogue. Ils comptent des siècles, ces chênes et ces peupliers de l’Île-de-France, et ce n’est peut-être pas la première conversation qu’ils entendent en ce genre. Du temps que c’était ici une résidence favorite du roi, plus d’un seigneur, partant pour les Flandres ou le Palatinat, y a fait à sa dame de ces rudes adieux. Et auparavant, au siècle glorieux des conquêtes, combien de soldats s’arrachant aux bras de leurs amantes ont ainsi parlé sous ces arbres ! Et plus loin encore dans le passé, qui sait si tel homme d’armes, rejoignant son seigneur pour la croisade, n’a pas tenu ici le même langage à sa chère bergère qu’il quittait ! L’histoire n’est qu’un recommencement, et la France est toujours la France.