Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/157

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— Pas besoin d’écouter, mon vieux, rugit Lecointre, j’entends suffisamment.

— Mais non, tu ne me comprends pas ! je parle de cette sorte de rumeur qui court entre les coups du canon.

À ce moment une fusée française, pareille à une claire chandelle romaine, part à droite et crée un jour éblouissant et fugitif. La plaine saccagée apparaît toute. Les tranchées s’y marquent par de gros bourrelets de terre. Des centaines de mille hommes sont là-dedans, tapis, immobiles, en attente. Mais alors que tout est déjà rentré dans une nuit plus épaisse encore, il semble en effet à Lecointre que de l’immense fourmilière sort un murmure. C’est lorsque, par un jeu de l’artillerie, quelques secondes se passent entre deux feux de batterie. Une inquiétude crispe ses traits. Est-ce que par hasard une vague de mauvaise volonté courrait la masse invisible dans l’ombre ? Est-ce qu’à l’approche de l’assaut formidable, une protestation instinctive et bestiale sortirait de ces poitrines françaises ? Lecointre et Picot s’indignent contre ce soupçon. Pourtant, à