Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/171

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mit en selle. Comme il avait un écuyer fidèle, il le chargea de conduire le roussin à la bride. Cent hommes d’armes les suivaient, et il y avait un espion pour guide. Pendant ce temps. Mirabelle de Pampelune languissait à mourir dans sa chambre ornée de croissants d’argent. Un jour elle entendit mener grand bruit devant le château ; elle se mit au mâchicoulis et vit les croisés. Vous devinez si son cœur battit, car, dans la fière allure du chef de la troupe, elle n’avait pas hésité à reconnaître son chevalier. Je pense que vous ne doutez pas une seule minute que le sire de Catalpan, même aveugle, ne fût invincible. Conquérir le château sarrasin fut pour lui l’affaire d’un instant. Et le voilà cherchant de chambre en chambre la dame de ses pensées, pendant que les esclaves noires s’enfuyaient en poussant des cris perçants. Mais quand il fut arrivé à la chambre de Mirabelle et que son nom prononcé par les lèvres suaves de la demoiselle lui eut glacé les os, le chevalier demeura sur le seuil comme insensible. Il y a là quelques secondes véritablement tragiques. Le pauvre seigneur, qui se sent avoir perdu tout