Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/187

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se relèvent et se mettent à courir de nouveau, en barres espacées, sur la montagne.

Et M. Robert frémit, car il sait que ces fourmis noires si petites, si minuscules sur la haute colline, ce sont ses frères qui partent à l’assaut des tranchées ennemies.

Et l’assaut se propage : par demi-sections, les vagues sortent d’ici, de là, de partout ; le mouvement descend les pentes du Mort Homme, remonte la cote 304. M. Robert sent que son régiment va s’engager à son tour. Le régiment est une chose secrètement chère. On sait malaisément, dans le civil, ce que peut représenter un numéro sur le col d’un homme. M. Robert éprouve une angoisse profonde. Mais il est temps de rejoindre sa section. Dans la cuisine où son capitaine se tient au téléphone, il reçoit l’ordre de rassembler ses hommes derrière l’église. Alors il se rend lui-même dans une grange au toit défoncé où il fait nuit déjà. Les hommes sont sur la paille, où l’on aperçoit vaguement leurs capotes bleues s’agiter.

— Debout, les gars ! dit le sous-lieutenant ;