Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/188

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les camarades sont en train de sauter les fils de fer. Il faut s’équiper pour les rejoindre.

Beaucoup d’hommes dormaient ; on les voit étirer leurs membres las en bâillant. Picot reprend :

— Les gars, nous sommes ici pour porter secours aux camarades. Il y a de la casse chez eux en ce moment. Il ne serait pas juste qu’ils se fassent tuer sans nous.

En silence, les hommes attrapent les courroies de leur sac et se les nouent à la poitrine dans les ténèbres. Pas un mot ne sort de leur bouche. L’œil fait à l’obscurité, Picot les discerne maintenant, les pépères barbus, les imberbes de la classe 15. Son cœur se serre devant tant de résignation dans le sang-froid.

Il murmure en les quittant :

— Les gars, on les aura !

La nuit vient quand on se rassemble derrière l’église. Il y a sept ou huit compagnies de divers régiments. Les hommes parlent bas. Pas de clairons, pas de tambours. On se met en marche, par sections, pour couper de biais le flanc droit de la cote 304. On est à son