Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/210

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mouvement se faisait dans la caserne. Par les escaliers où sifflaient les courants d’air commençait un bruit que Nénette connaissait bien : la dégringolade des godillots. C’était une marche de nuit qui se préparait.

D’où sortait alors Nénette ? Personne n’aurait su le dire, mais elle était là, dans la cour, d’aplomb sur ses quatre pattes, l’oreille au guet, se demandant : « Est-ce donc cette nuit que l’on part ? »

Plusieurs indices frappent Nénette. Voici d’abord le caporal Minerbe, dix-huit ans, les yeux gonflés encore d’un gros sommeil d’enfant, boitillant toujours légèrement depuis qu’il garde une balle dans le genou. Il court aux cuisines pour y toucher la viande froide que ses hommes emportent. « Pourquoi Minerbe va-t-il aux cuisines ? » se demande Nénette, avec toute la contention d’esprit dont elle est capable. Elle le voit revenir chargé des portions. Il lui jette un os.

— Tiens, sale cabot !

— Cabot toi-même, pense Nénette en rongeant l’os qu’elle tient à deux pattes.