Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/211

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Quelques ombres s’alignent devant le lavabo où l’eau ruisselle : quelques marsouins de Paris qui tiennent à faire toilette, parmi lesquels ce grand diable de Pas-de-Chance qui porte son nom tatoué en demi-cercle sur son front, et que Nénette tient à l’œil sans savoir pourquoi. Puis Nida (Raymond), celui qu’on trouve toujours le nez fourré dans un roman à treize sous et dont les manières polies plaisent à Nénette. Et encore Balandard, ancien vendeur à la parfumerie dans un magasin de nouveautés, un gaillard qui vous pèse largement ses quatre-vingts kilos, et dont la grosse nuque apparaît en ce moment sous le robinet. On n’entend que lui au quartier, où il tonitrue sans arrêt contre les « cochons d’Allemands ». C’est un terrible homme qui, une fois là-bas, enfilera des tranchées entières au bout de sa baïonnette. Souvent d’intéressantes conversations s’engagent entre Nénette et lui :

— Eh ! Nénette, un Boche ! kss, kss, kss.

— Mon vieux, reprend Nénette, d’un petit jappement spécial, tu n’as qu’à m’en donner un…