Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/212

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Voici que les hommes, à la lueur d’un fanal fumeux, s’alignent dans la cour en bouclant leur ceinturon. Ensuite le long chapelet de l’appel s’égrène nom à nom dans les ténèbres. C’est un peu triste. Nénette entend des appellations connues qui lui font dresser l’oreille. Loïk : c’est un pauvre petit Breton, taciturne, au visage criblé de taches de son. Crenn : c’est la tignasse rousse qui repousse comme à miracle sous la tondeuse. Hervé (Yves), Hervé (Marie) : les deux jumeaux qu’elle n’est jamais capable de reconnaître.

Enfin la voix du colonel s’élève :

— Colonne par quatre !

Derrière, avec des intonations différentes, l’ordre se propage de section en section, jusqu’au fond obscur de la masse.

— En avant par quatre ! En avant par quatre ! Marche !

Nénette a pris son élan, elle a franchi la première la grille du quartier. La voici dans la rue noire où clignotent les becs de gaz. Elle fait une petite tache blanche qui s’en va, en flèche devant le front de la troupe, d’une