Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/213

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allure dansante, scandée par la cadence de quatre mille godillots frappant le pavé sur la mesure à deux temps. Elle pense :

— Où l’on va ? Au champ de manœuvre, parbleu. Et c’est moi qui mène tout cela. Je fais une œuvre considérable, et c’est simple comme bonjour. Le soldat français est épatant. Voilà deux mille pauvres types qui tout à l’heure même ronflaient dans leurs niches. Il a suffi que je fasse un geste et ils me suivraient ainsi, de bonne humeur, jusqu’au bout du monde.

On avale, kilomètre après kilomètre, de longs rubans de route en pleine campagne. Un murmure, vague d’abord et qui se précise en harmonie, sort de la masse ambulante :

    Malbrough s’en va-t-en guerre,
    Mironton-ton-ton ! Mirontaine !

Des voix éparses se sont accordées pour lancer la chanson, des voix muantes d’adolescents, de bonnes grosses voix de chantres de paroisse, des voix mugissantes qui semblent sortir de la poitrine d’un bœuf.