Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/230

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d’école parmi des gamins de huit ans. Un jappement répond. Une petite tache blanche surgit de la paille. C’est Nénette qui s’est embarquée là sans que personne l’ait vue. Elle mêle à la clameur générale son indignation patriotique et aboie aux Boches longuement. Après quoi, très grave, elle s’assoit sur son petit derrière pour écouter les propos des voyageurs.

Où ce diable de train les mène-t-il ? Les uns pensent à la Belgique, les autres à l’Alsace. Encore, si l’on distinguait seulement le paysage ! Mais la nuit est noire. On roule ainsi à travers la France, et nul ne sait par où l’on passe. Les hommes finissent par s’étaler sur la paille et s’endormir lourdement. Nénette et l’adjudant Matheau restent seuls éveillés. Elle cligne de l’œil au sous-officier, en lui montrant toute cette masse humaine assoupie. Mais l’adjudant lui caressant le museau :

— Il ne faut pas rire, Nénette. Ce qui se passe ici est plus sérieux qu’un petit chien ne saurait le concevoir. Tous ces hommes ensommeillés, dont tu ne vois ici que les poses