Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/232

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à coulisse est ouverte. Un air froid et humide envahit le wagon, réveille les hommes. Voici les dames de la Croix-Rouge qui s’avancent avec des pots de café fumant. L’une d’elles, une toute jeune fille dont la frange blonde dépasse un peu, sur le front, la cornette blanche d’infirmière, saute sur le marchepied. Elle dit gentiment, d’une voix douce et caressante, mais experte aux expressions militaires :

— Au jus ! Au jus !

C’est une jolie vision qui leur rappelle ces belles cartes postales glacées qu’ils admirent chez les libraires : une carte postale vivante. Ils savent que cette enfant de bourgeois riches a passé là une nuit glaciale, prête au passage éventuel des blessés qu’il faut secourir, prête à réconforter les convois glorieux qui s’en vont à la Défense. Nida, qui tend le premier son quart, est un peu ébloui. Son esprit romanesque pense :

— Pour que des femmes comme ça puissent vivre en paix chez elles, nous, on peut bien se faire « zigouiller ».

Nida est un citoyen du pays de la chevalerie.