Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est la Somme, dit Nida.

— C’est la Seine, dit Pas-de-Chance.

— C’est la Marne, dit l’adjudant.

Et soixante heures se passent de la sorte. Sur la charpente édifiée en hâte par le génie, on a franchi précautionneusement des ponts écroulés. On a changé de train, en pleine nuit, dans une petite gare boueuse. Et maintenant, tout le monde descend d’une sorte de tramway qui vient d’amener notre détachement de marsouins au centre d’une grande ville, en bordure de quinconces où campe l’artillerie. C’est le petit matin. Au vent frais, Nénette éternue de plaisir et s’ébroue comme un jeune cheval. Puis elle procède à la formation de ses hommes, en colonne par quatre. On se demande où l’on est. L’adjudant Matheau se retourne et dit un seul mot :

— Reims.

Et les hommes demeurent silencieux, comme magnétisés. Ils ont lu les journaux depuis quatre mois. Ils savent. Ils sont dans le reliquaire mystérieux de la France, contre lequel, férocement, l’ennemi s’est acharné. Au même