Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/235

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instant, dans l’air vaporeux et comme ouaté du matin, un coup de tonnerre bref et lointain éclate. L’écho se prolonge un peu, le bruit s’éteint, puis, quarante secondes après, recommence.

— Voilà, voilà ! s’écrie le caporal Minerbe, électrisé. On y va.

C’est le canon,

Nénette dresse l’oreille, hésite une minute, puis elle a compris. Les Boches sont là. Le but est proche. Marche ! Et la voici qui part la première pour la triomphale traversée de Reims. Le lieutenant Fleuriot paraît connaître la ville. C’est lui qui guide la colonne.

Par instants, les rafales du vent apportent la voix du canon si nette qu’on croirait que le coup part aux portes de la ville.

Le long des rues, les portes s’ouvrent. Les femmes apparaissent, elles s’aventurent jusque sur le trottoir. La plupart viennent des caves où elles vivent enfermées. Elles regardent passer ce petit chien blanc avec son drapeau belge en cravate, et par derrière cette compagnie si robuste, si folle, qui chante sous le