Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/236

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lourd harnachement de guerre. Depuis six mois, combien elles en ont vu défiler ainsi qui ne sont pas revenus ! Tant de gaîté, tant de jeune insouciance les touche au cœur. Les voilà qui se cachent le visage dans leur tablier ou dans leur mouchoir.

— Ah ! les pauvres enfants ! les pauvres enfants !

Parfois, dans l’alignement des maisons, une brèche apparaît, et dans la brèche, un amoncellement de décombres. Les rues sont vides. Les boutiques fermées ont leur devanture éventrée.

— Ah ! ah ! pense Nénette, nous voici arrivés au théâtre de la guerre. Je n’avais jamais contemplé des rues ainsi meublées.

Soudain le chœur des voix hurlantes s’arrête net. Une rue courte et spacieuse monte à une grande place vide. Une petite guerrière de bronze sur son cheval de bataille, le drapeau tricolore à la main, semble y monter la garde. Et par derrière s’élève, grandiose, une façade roussie de cathédrale, toute peuplée de statues grignotées par les flammes.