Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/247

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formidable des obus qui crèvent de-ci, de-là ; elle vous défie par l’étalage des cadavres aux membres étendus, aux lèvres béantes, qu’on rencontre jusqu’en travers du chemin et qu’il faut enjamber.

Tu es témoin, Nénette, que leur semelle bat la boue du sentier avec l’énergie coutumière, que leur tête ne fléchit pas, et qu’ils avancent. Mais, la mort, ils ne l’avaient, pour la plupart, jamais vue de si près, et tu ne voudrais pas qu’ils plaisantent. Attends un peu. Tout à l’heure les Parisiens se réveilleront. Mais ce moment-ci est le moment de la surprise première.

Le lieutenant Fleuriot et l’adjudant Matheau se sont partagé les sections. De temps en temps, ils se retournent et se regardent. Pas un homme n’est encore tombé. Ils en éprouvent comme une fierté de bons bergers.

Enfin voici que le flanc du coteau s’échancre. Une ouverture y est taillée en biseau. C’est l’entrée d’une tranchée couverte. Nénette, qu’une digestion copieuse n’alourdit pas, s’y précipite la première. Un à un, comme des