Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/248

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fourmis qui s’enfoncent dans la fourmilière, les hommes s’y glissent en rampant.

D’autres hommes sont là, enlisés dans la boue, devant, pour se mouvoir, décoller leurs pieds et leurs jambes d’un mastic épais qui, par-dessous chaussures et pantalons, tient à la peau. C’est un antre ténébreux où l’on n’aperçoit qu’à peine les visages. Il s’agit seulement de découvrir le boyau qui conduit en première ligne. Dans le crépitement assourdissant des feux de salve, à quatre pattes, les hommes avancent en tâtonnant. Nénette, qui trottine par devant, les dirige… Enfin la voix de Minerbe :

— Eh, les locataires ! il faut déloger. C’est le terme, les gars, on a loué à votre place.

C’est une tranchée en feston, où l’on s’accroupit trois par trois, séparés d’un autre groupe par une dent rentrante du zigzag. Déloger ? Les anciens locataires ne se font pas prier. On entend un bruit de gâchettes, de cartouchières qui se ferment, de fusils qu’on raccroche, de ceinturons qu’on boucle.

— On s’engourdit là-dedans au bout de