Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/249

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quatre jours, expliquent-ils. Mais on ne parle pas trop haut, parce que là-bas, à quinze mètres, derrière ce bourrelet de terre, les Boches sont cachés et entendent tout.

Là-dessus, Nida, curieux comme une chatte, et grillant de voir enfin l’ennemi vivant, hausse la tête et se hisse pour essayer de jouir du spectacle. Un formidable coup de poing sur l’épaule le descend. C’est le caporal Minerbe.

— Gros malin ! Tu tiens donc à recevoir des pruneaux dans les yeux ? Dans la tranchée, mon vieux, il faut que rien ne dépasse, ou sans cela, gare !

Voici que le tir s’organise. La consigne est de tirer sans répit. Alors, pour la première fois, un trouble naît dans l’esprit de Nénette. Cela ne pourrait pas s’appeler de l’inquiétude, non ; à peine un nuage sur sa sérénité. Et un besoin la prend de se rapprocher de l’adjudant, qui lui est apparu comme le plus fort. Chose étrange, un instinct différent presse la main du chef de rechercher la petite tête de Nénette et de la flatter distraitement. Le moment est venu où toutes les minutes semblent définitives.