Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/251

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hardiment aux endroits sensibles et je les poursuivais dans leur fuite.

— Nénette, crois bien que les Français eussent préféré ta manière, et que, pour eux, le pire de cette guerre, aura été de la faire au rebours de leur goût et de leur tempérament, comme aussi ce sera leur honneur d’avoir vaincu grâce à des qualités qu’il leur aura fallu improviser en eux-mêmes. Le mot de courage, ici, vaut dix fois ce qu’il valait naguère, petit chien. Mais nous nous savons la force d’une nation immortelle qui lutte pour son honneur insulté. Je ne sais si je me fais bien comprendre, Nénette ?

— Je comprends à peu près, mon adjudant. Mais je voudrais voir les Boches délogés de leur trou.

— Patience, Nénette, tu les verras.

Le vent du soir a balayé le ciel. Un mince croissant de lune y monte doucement, étincelant comme une pierrerie taillée. La boue durcit au fond de la tranchée. Les moustaches se hérissent de glaçons : c’est la gelée. Voilà, Dieu merci, l’arrivée des gamelles. Un quart