Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/267

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comme un projectile, lance le petit chien dans le terrain découvert qui sépare les lignes de front. De la tranchée boche, des voix partent en effet.

— Ici, Nénette ! Kome, Nénette ! Kamerad !

Il semble que le stratagème ait réussi, qu’on n’ait pas vu Crenn, rampant invisiblement là-bas, mais seulement la petite tache blanche qui aboie férocement.

— Mords-les ! Nénette, kss, kss !

Crenn a gagné un mètre. Voici qu’il en a gagné deux. Des siècles se passent. Un chêne l’abrite maintenant. Il avance. Les casques à pointe ont aperçu le drapeau belge que Nénette porte au cou, en cravate, et en ont résolu la conquête. D’ailleurs son caprice favorise le leur, car elle aussi gagne, par l’autre extrémité, la tranchée boche. Mais l’adjudant Matheau, immobile, des soubresauts dans la poitrine, reste les yeux fixés sur la masse bleue, qui, avec des lenteurs de serpent, se glisse dans l’herbe. Soudain, une fusillade : le veilleur a signalé Crenn. Il n’est plus qu’à deux mètres du but. Il bondit.