Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/269

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extrémité du boyau, attendant que les dernières pelletées de terre s’écroulent.

Qui donnera le dernier coup de pioche ? Songez que depuis quatre jours ces hommes sont privés de sommeil, qu’ils sont exténués, et qu’il s’agit là de se jeter, l’outil à la main, dans l’antre du loup. Pas-de-Chance hésite. Loïk a des gouttes de sueur perlant, malgré le froid intense, au bord de son képi. Balandard, pris d’une faiblesse, doit s’accoter à la paroi du couloir. C’est la nature misérable qui défaille un instant.

— La France compte que chaque homme fera son devoir, dit l’adjudant Matheau.

Il n’en faut pas plus. Dans cette phrase il y avait une étincelle. Un visage aux longs yeux de jeune fille surgit. C’est le caporal Minerbe qui empaume un pic.

— Et allez donc !

La cloison tombe. Plus de dix canons de fusil apparaissent dans l’échancrure, avec une longue file de casques à pointe, derrière. Mais aussitôt, la manivelle de la mitrailleuse est en marche, le long chapelet des balles s’égrène,