Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/275

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là en sabots, en veste de cuir ; lorsqu’il dit un mot, tout le monde se tait. L’adjudant Matheau lui aussi est présent. Quant à Nénette, vous ne voudriez pas qu’elle fut ailleurs. Assise sur son petit derrière, la pointe de son museau en l’air, elle dresse l’oreille.

Le grand paysan paraît affectionner l’adjudant Matheau. Il le prend par l’épaule :

— Cette guerre, mon ami, est une guerre de sections.

Mais la conversation est un peu savante pour Nénette. Il est question d’offensive, de grand mouvement, de mines à poser, d’attaque simulée. On est là sur la terre durcie par le gel précoce. Le crépuscule tombe dans la vallée. La lune se lève derrière les taillis, là-haut. C’est l’heure où, naguère, il faisait bon rentrer chez soi pour s’asseoir auprès du feu. Le grand paysan dit :

— Vous m’avez bien compris, adjudant Matheau ? Vous m’avez tout à fait compris ?

— Oui, mon colonel.

Maintenant c’est l’appel des hommes. Et voici la file des deux sections qui s’allonge sur