Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/276

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la pente du coteau. Où va-t-on ? Un vent cinglant vous glace. La foudre incessante gronde toujours. On va dans l’inconnu, dans l’obscurité, au massacre, à la mort. Le sac est lourd. Le terrain escarpé. De temps en temps, un homme bute sur une souche. À intervalles, on croise des civières que les brancardiers descendent avec peine, et puis des soldats aux pieds gelés, égarés dans la nuit. Il y a cinq kilomètres à faire, avant de gagner le point assigné du secteur. Nénette, de droite et de gauche, folâtre…

Le clair de lune est devenu splendide. On lirait le journal si on en avait le temps. Mais on chemine à présent dans les boyaux des tranchées. Voici la tranchée de première ligne d’où le mouvement ordonné doit partir. On s’y installe. Un retardataire arrive en soufflant. C’est Balandard qui court ainsi depuis le cantonnement, sans avoir pu rattraper sa section. Il voyait de loin les camarades, et la petite tache blanche de Nénette le guidait lorsqu’ils s’effaçaient dans l’ombre. Tout époumoné, il crie :