Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/278

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D’un bout à l’autre de la tranchée, la phrase circule, glaciale :

— Jusqu’à la mort… Jusqu’à la mort…

— Nénette ! appelle Matheau, viens ici. Tu vas nous suivre, ou même nous précéder. Tu es, Nénette, notre panache, le drapeau de notre insouciance française, et le héraut de notre infrangible ténacité. Viens à la mort avec nous, Nénette, petite âme du régiment, qui sers la France à ta manière légère et folle. Les Boches n’ont pas de petit chien comme toi : ils ne sauront jamais en avoir, et c’est la raison mystérieuse qui fera notre victoire. Notre victoire, nous ne la verrons peut-être pas, Nénette, mais nous travaillons pour que d’autres la remportent. En avant !

Cet « en avant », l’adjudant Matheau l’a si fortement lancé que toute la tranchée l’a entendu. Aussitôt, comme s’il s’agissait d’une partie de barres, une brochette d’hommes assis s’alignent sur le bord arrière du couloir. Un coup de sifflet : les voici en avant. Ensuite les corps s’allongent par terre et progressent en se traînant. Le drap bleu de la capote fait, avec la