Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/32

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Après les nouvelles manifestations affectueuses, c’est au tour d’Édith de prendre le bras de Louise en l’écartant du groupe :

— Tu ne sais pas, ma chérie : monsieur Robert a demandé ma main à papa cette semaine.

— Ça, dit Louise, je le voyais venir. Et qu’as-tu répondu ?

— Ah ! j’étais bien embarrassée, tu comprends. Pour dire qu’il me déplaît, il ne me déplaît pas. Je le trouve très gentil. Mais c’est si ordinaire d’épouser un vendeur ! J’aurais aimé un jeune homme qui eût fait quelque chose de grand, un mari dont j’aurais été fière un aviateur par exemple.

— C’est comme moi, dit Louise. Mais que veux-tu ? À la triste époque où nous vivons, il n’y a plus d’héroïsme. Les hommes tiennent avant tout à leur guenille. Leur idéal, c’est de rapporter le dimanche un poisson plus gros que celui du voisin ou d’aller faire la manille à l’apéritif. Sortis de là, il n’y a rien pour eux.

— La France est bien déchue, dit Édith.